Aliaa, la révolutionnaire nue

Un film écrit par Sid Ahmed Hammouche et Patrick Vallélian, réalisé par Pierre Toury
Première diffusion le vendredi 8 mars 2013 à 20h30 sur LCP

Sélectionné au Festival international de cinéma VUES D’AFRIQUE qui se tiendra au Canada du 29 avril au 3 mai 2015 en compétition dans la catégorie documentaires.

Le film sera projeté le samedi 2 mai à 16h, à la Cinémathèque Québécoise, dans le cadre d’une séance “Droits de la femme”

 

Menacée de mort en Egypte par les fous de dieu, chassée par les révolutionnaires de la place Tahrir du Caire, contestée par certaines féministes égyptiennes, lâchée par ses propres amis, Aliaa Magda Elmahdy, 20 ans, n’avait pas le choix. Elle devait fuir l’Egypte pour survivre. Et elle s’est réfugiée en Suède où nous l’avons retrouvée.

Son crime ? Avoir posé nue sur son blog pour dénoncer l’hypocrisie ambiante autour du corps de la femme dans le monde arabe. Une photo banale à vrai dire. Noir et blanc. Aliaa y pose les jambes à demi écartées, portant des bas, une paire d’escarpins rouge, un noeud rouge dans ses cheveux sombres tombants. Ses yeux nous fixent.

Cette photo, nous raconte-t-elle, elle l’a prise seule, avec son propre appareil. Sans influence. Ce n’est pas du porno, ni de l’érotisme. Mais un acte militant. Celui d’une femme qui assume sa sexualité dans un monde machiste où la naissance d’un garçon est un jour de fête et celle d’une fille, une nakba, un jour de catastrophe.

Sid Ahmed Hammouche et Patrick Vallélian sont allés à sa rencontre en Egypte et en Suède. Leur film revient sur la trajectoire de cette révolutionnaire, sur sa famille, sur son adolescence dans une Egypte conservatrice.

En décembre 2012, Aliaa s’est à nouveau déshabillée en compagnie des Femen devant l’ambassade d’Egypte en Suède pour dénoncer la nouvelle constitution.

Le film donne la parole aux adversaires acharnés d’Aliaa. Prêts à tout pour faire taire cette icône de la révolution arabe. « On va la tuer de nos mains, elle mérite le châtiment suprême, il faut appliquer sur elle la charia, c’est une honte pour notre pays », tonnent des universitaires rencontrés au Caire. Sur la place Tahrir, prononcer le nom de cette blogueuse féministe, qui a fait de son corps une arme politique, provoque la colère de la foule. Son nom est désormais tabou en Egypte.

Mais Aliaa n’est pas seule pour autant. Au Caire, à Paris, à Tel Aviv, nous avons rencontré d’autres femmes qui soutiennent la démarche d’Aliaa, notamment Nawal el Saadaoui, la pionnière du féminisme arabe, les Femen ukrainiennes mais aussi des Israéliennes qui ont posé nues en solidarité avec la jeune Egyptienne.