Fraudes dans les vignobles

Une enquête documentaire de 52 minutes réalisée par Jean-Louis Perez.
Une production PREMIERES LIGNES avec la participation de France Télévisions.
Diffusion le dimanche 26 mai 2013 à 20h35 sur France 5

Le vin, c’est une partie de notre patrimoine national. C’est surtout un business : 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires rien que pour l’export en 2012. C’est l’équivalent de 70 avions Rafale qui seraient vendus chaque année.

Mais la concurrence est rude. Les vins du nouveau monde et ceux de nos voisins européens grignotent chaque année de nouvelles parts de marché. Dans ce contexte difficile, certains professionnels dérapent.

Dans le Languedoc, les inspecteurs de la répression des fraudes expliquent que des négociants et des viticulteurs ont exporté du vin en usurpant l’appellation « Pinot » vers les Etats-Unis. En Californie l’affaire des « faux pinots » connaît une suite judiciaire. « Des gens comme ça n’ont plus rien à faire dans la filière », s’emporte Florence Barthès, directrice de l’interprofession des vins de pays d’Oc ». Il n’empêche, les échanges entre la région Languedoc-Roussillon et les Etats-Unis sont fortement impactés. De Montpellier à Los Angeles, notre enquête revient sur cette incroyable fraude.

Depuis quelques années dans les supermarchés, de nombreuses petites médailles sont apparues sur les bouteilles pour attirer l’œil des consommateurs. Ce sont des récompenses obtenues par ces vins dans des concours. Or, argent ou bronze… ces distinctions ont un impact sur les ventes. Mais les consommateurs doivent être attentifs. Comme le révèle notre enquête, ce marketing nous induit parfois en erreur, une médaille apposée sur une bouteille n’est pas forcément une garantie de qualité. Même lorsqu’elle est issue d’un concours prestigieux.

Equipés d’une caméra cachée, nous devenons l’un des nombreux jurés du très réputé Concours Général Agricole, qui a lieu chaque année pendant le salon de l’agriculture. 16 000 échantillons, de toute la France ont été présentés en 2013. « On juge des vins qui sont de toutes façons, très moyens » explique un juré qui officie depuis de nombreuses années. « Les grands domaines n’ont pas besoin de médailles, ils vendent leurs vins tout seuls » A quoi serve ces médailles ? « Si vous ne mettez pas de médaille, vous cassez la vente », conclue-t-il.

L’endroit où les ventes de vin ont explosé ces dernières années, c’est sur le Net. Le marché du vin sur Internet progresse de 30 % par an et aujourd’hui, une personne sur dix achète son vin en ligne. Mais attention, certains sites ont été condamnés par la justice parce qu’ils n’honoraient pas leurs commandes. Alain Esrhan a créé une association qui centralise les 250 victimes de l’un de ces sites qui n’a pas livré les vins payés. Les pertes de ces acheteurs vont de 150 à 22 000 euros.

Les grands crus de Bordeaux et de Bourgogne sont devenus des produits de luxe. Certaines bouteilles atteignent des prix indécents : 100 000 euros pour un grand cru classé de Bordeaux. Michel-Jack Chasseuil nous fait découvrir son incroyable cave : Pétrus, Romanée-Conti, Cheval Blanc, Yquem… 40 000 bouteilles des plus grands vins du monde, dans les plus grands millésimes depuis un siècle.

Les bouteilles les plus prestigieuses sont également l’objet de contrefaçons. A New York, Laurent Ponsot le propriétaire d’un domaine réputé en Bourgogne a démasqué un faussaire, figure respectée du milieu américain des collectionneurs de vin, qui a vendu pour plus de cent millions de dollars de fausses bouteilles de grands vins français. En Californie, à New York et en Bourgogne, nous retraçons le parcours de ce faussaire de génie.

Pour les autorités françaises, l’enjeu est important : il s’agit de surveiller mais aussi de préserver ce domaine d’activité si stratégique pour l’économie et l’image de notre pays.