Mauritanie
Méharistes, gardiens du désert

un grand reportage de Kevin Sempé
Samedi 15 mai à 18h35 dans ARTE Reportage

une production Arte GEIE / Premières Lignes 
produit par Luc Hermann

Aux confins de la Mauritanie, c’est une opération de surveillance à nulle autre pareille. D’un pas chaloupé, aérien, une vingtaine d’hommes armés patrouillent au milieu des dunes de sables à dos de dromadaires. On les appelle des méharistes.

Dans sa lutte contre le terrorisme, la Mauritanie relance ces longues patrouilles qui s’avèrent inégalables en milieu aride. Dissoutes de l’armée française en 1962, ces unités sahariennes résistèrent au temps des colonies.

Désormais, l’ennemi a changé de nature. La mission des méharistes mauritaniens demeure la même, assurer la paix et la sécurité dans le Sahel, une région tourmentée le long de la frontière avec le Mali, des milliers de kilomètres de terres hostiles et inhabitée. La région est classée zone rouge, formellement déconseillée aux étrangers.

A Achemine, petit village à seulement 60 kilomètres de la frontière avec le Mali, un camp accueillera bientôt la future école de formation des méharistes – l’Union Européenne finance ce vaste programme de sécurité et de développement – 300 dromadaires ont été achetés dans la région.

Certaines zones sont contrôlées par des bandes armées ou par des groupes islamistes qui se jouent des frontières. Les rebelles islamistes sont implantés dans le désert et mènent régulièrement des actions de guérilla et de terrorisme au Mali et au Niger. Les patrouilles à dos de dromadaires ont un avantage stratégique sur les 4×4 de l’armée, qui font du bruit et surtout dégagent de la poussière qui se voit à des kilomètres.

La Mauritanie a justement relancé les opérations du Groupement Nomade pour empêcher la prise de contrôle des villages par des groupes islamistes. Pour aider les populations, l’union européenne a entrepris la construction de puits à énergie solaire, les gardes veillent régulièrement sur ces installations, comme dans le village de Bir Nsra.

Dans le village de Nyaye, l’infirmier des méharistes installe un cabinet de campagne. Petit à petit le bruit court et les patients affluent vers la tente d’infirmerie. Il soigne des maladies, et prévient des risques de la pandémie de Covid.

Les gardes ont pour mission de regagner la confiance des populations. Dans les pays voisins, des groupes islamistes ont profité de l’absence de l’état pour infiltrer des villages, en finançant des écoles, des dispensaires. Des groupes radicaux pourraient se sédentariser près des puits et des villages et tisser peu à peu des liens avec les populations locales.

Remerciements
Peer De Jong
Général Yacoub Ould Amar Beyatt
Léonard Pêtre
Abdoullah Mounir
Chrouff Ould Mohamed
Les hommes du groupement nomade
Themiis