Nucléaire : la politique du mensonge ?

Une enquête de Jean-Baptiste Renaud
Lundi 4 mai sur Canal+ à 22h50 dans Spécial Investigation

C’est une fable répétée plus d’une fois. Le nucléaire français aurait trois avantages majeurs : il serait sûr, propre et bon marché. Trois atouts qui sont en fait – comme cette enquête le prouve – trois mensonges.

 

Le nucléaire français serait sûr.

 

En est-on vraiment certain ?  Jean-Baptiste Renaud n’a pas eu besoin de voyager jusqu’à Fukushima ou Tchernobyl. Car dans une centrale nucléaire du Loir-et-Cher, St Laurent des Eaux, deux accidents nucléaires majeurs ont eu lieu en 1969 puis 1980. Deux évènements qui font partie des 10 plus graves accidents du nucléaire dans le monde. Grâce à des documents confidentiels restés secrets pendant 35 ans, cette enquête révèle pour la première fois que suite à l’accident de 1980, EDF a sciemment rejeté du plutonium dans la Loire voisine de la centrale. Une pratique totalement illégale.

 

Le nucléaire français serait propre.

 

Les industriels du nucléaire ont rivalisé d’imagination pour convaincre que les déchets radioactifs ne posaient pas de problème. Parfois jusqu’au ridicule quand Anne Lauvergeon affirmait que « 30 ans de déchets radioactifs français » pouvaient entrer dans une « piscine olympique ». Reprenant cette analogie, l’enquête part sur la trace de cette « piscine olympique »… et en a découvert bien plus. 183 au total, et non pas une. C’est le nombre de piscines qu’il faut en fait pour contenir tous les déchets nucléaires qui ne disent pas leur nom. A Bessines dans le Limousin comme à Tricastin dans la Drôme des centaines de milliers de tonnes d’uranium appauvri appartenant à Areva sont stockées, sans perspective d’utilisation prochaine. De son côté, Areva maintient que toutes ces matières sont bien « recyclables » mais effectivement pas « recyclées ».

 

Le nucléaire français serait bon marché.

 

Pendant des années, en effet, la France a payé son électricité moins chère que le reste de l’Europe. Mais à quel prix aujourd’hui… L’enquête le prouve : EDF a négligé la maintenance de ses centrales pendant des années et a sous-investi dans les travaux les plus coûteux. Mais aujourd’hui, à mesure que l’électricien veut allonger la durée de vie de ses réacteurs, l’entreprise est confrontée à un chantier extrêmement coûteux. Combien exactement ? Auditionné à l’Assemblée nationale en mai dernier, Henri Proglio promettait que l’ensemble des travaux s’élevait à 55 milliards d’euros. Mais ce que prouve l’enquête, c’est que ce chiffre a été largement sous-évalué. En refaisant les comptes, il apparaît que le coût total des travaux approche plutôt des 110 milliards d’euros. Une erreur lourde de sens car pendant ce temps-là, nos factures d’électricité ont déjà pris 20% en cinq ans.