Police à Kirkouk : mission impossible

Une enquête de Paul Moreira, Seddik Chettab et Tal Zana
1ère diffusion Arte Reportage samedi 24 mars 2007 à 19h00

Aujourd’hui, en Irak, un policier sur deux vit avec un masque sur le visage. Il ne veut être reconnu par la population. Et certains ne veulent même pas être reconnus par leurs propres collègues… L’équipe d’ARTE Reportage est allée à Kirkouk, la grande ville pétrolière du nord de l’Irak. Kirkouk est déchirée entre trois populations. Les Kurdes qui contrôlent la région. Les Turkmènes. Et les Arabes Sunnites qui forment les troupes de l’insurrection. La guerre civile qui déchire les communautés s’est glissée au sein même des forces de police. Quelques jours avant notre tournage, un policier est rentré au quartier général avec une voiture piégée et s’est fait détonner au milieu de ses collègues. Le capitaine de police, Moosab, est kurde. Et il déteste sortir dans les rues avec ses collègues arabes. « On travaille avec eux tous les jours, mais on ne sait jamais si ce sont des terroristes infiltrés. » L’Irak est devenu un pays sans Etat. Nous rencontrons des réfugiés qui ont dû fuir leurs maisons. C’est le cas d’un Irakien sur six. Ils partent, car ils n’ont plus confiance en la police pour les protéger. Les Américains tentent de former les policiers irakiens aux méthodes américaines. Ils leur enseignent notamment comment contrôler les identités des chauffeurs suspects. Mais, au cours d’une réunion interne que nous avons été exceptionnellement autorisés à filmer, les officiers irakiens expliquent, devant des soldats américains médusés, que tel n’est pas leur problème. Ils sont, disent-ils, incapables de contrôler leur recrutement. « Sur 1 000 policiers embauchés, explique un officier, la moitié avait un casier judiciaire et on avait été obligés d’en virer 14 parce qu’on avait appris qu’ils étaient recherchés, condamnés à de la prison pour des meurtres et des viols… ». D’après le Los Angeles Times, l’armée américaine envisagerait de retirer prochainement ses troupes et de laisser sur place à peine quelques milliers de conseillers militaires comme ceux-ci. Des hommes qui auraient pour fonction de préparer les forces irakiennes à prendre en charge seules la sécurité de l’Irak. En espérant que cela soit suffisant pour calmer la guerre civile…