Victimes de la mode : le vrai prix du jean délavé

Une enquête de Camélia Encinas
Première diffusion : jeudi 7 janvier 2010 • 20h35 • Envoyé Spécial sur France 2

Toutes les grandes marques de mode proposent des jeans délavés, difficile d’y échapper. Aspect râpé, vieilli artificiellement, troué, les jeans sont de plus en plus travaillés. Plus le délavage est sophistiqué, plus le jean coûte cher, jusqu’à 300 euros. Comment ces jeans sont-ils délavés ? C’est un sujet tabou pour les grandes marques de mode et les grands magasins. Pourtant, certains procédés pour traiter la toile sont extrêmement dangereux pour l’homme. Une maladie grave frappe des milliers d’ouvriers aux portes de l’Europe. Les grandes marques de mode internationales sous-traitent une partie de leur production de jeans en Turquie. Jusqu’au printemps dernier, pour blanchir les jeans, de nombreux ateliers turcs utilisaient la technique du sablage. Des ouvriers projetaient du sable à haute pression sur les jeans, dans des petites cabines sans aération. Ils travaillaient sans protection et respiraient les poussières hautement toxiques. Cette pratique est totalement interdite dans l’Union européenne. En avril 2009, la Turquie a décidé de l’interdire à son tour. Officiellement, 600 ouvriers turcs sont atteints par la silicose, mais ils seraient des milliers.és étroits au dessus de ceux de toute l’espèce humaine…» C’est une maladie respiratoire qui avait quasiment disparu en Europe, au siècle dernier la silicose a décimé des centaines de milliers de mineurs. Elle réapparait aujourd’hui en Turquie, sous une forme foudroyante, avec une issue fatale plus rapide. 44 ouvriers sont morts, la plupart avaient moins de 30 ans. Les multinationales de la mode étaient-elles au courant des effets dévastateurs du sablage ? Dans quelles conditions sont produits aujourd’hui les jeans des grandes marques en Turquie ? L’équipe de l’agence Premières Lignes Télévision a rencontré les victimes et enquêté dans les ateliers d’Istanbul. Rares sont les usines qui respectent les normes de sécurité.