Armes chimiques : un poison occidental ?

Un film de Jean-Baptiste Renaud
Lundi 16 Juin à 22:25 dans spécial investigation sur canal+

 

Sélectionné en compétition internationale au Terra di Tutti Film Festival 

London Investigative Film Week au Center for Investigative journalism suivie d’une discussion avec le réalisateur Jean-Baptiste Reanud.

Le 21 août dernier, dans la banlieue de Damas, des civils sont gazés à l’arme chimique. L’attaque fait entre 400 et 1400 morts et les images d’enfants asphyxiés révoltent les chefs d’Etat occidentaux. D’un point de vue moral, une « ligne rouge » a été franchie, car depuis les massacres au gaz moutarde de la Première guerre Mondiale, l’arme chimique est l’arme taboue, insupportable aux démocraties. Dans le concert des protestations, la France est parmi les nations les plus véhémentes. François Hollande dit même vouloir « punir ceux qui ont osé gazer des innocents». Mais derrière ces cris d’orfraie, les pays occidentaux n’ont-ils pas eux aussi une part de responsabilité dans ces massacres ? En Syrie, le régime a utilisé des produits chimiques achetés en Angleterre, en Allemagne et – cette enquête le dévoile – peut-être en France. En Irak, des entreprises françaises, pour certaines très connues, sont aujourd’hui pointées du doigt dans le massacre de civils perpétré par Saddam Hussein en 1988 à Halabja. Quarante ans plus tôt, d’autres entreprises de l’industrie chimique avaient secrètement fourni l’Allemagne nazie en Zyklon B 100% made in France. Il aura fallu attendre les travaux d’une historienne pour le découvrir, mais à Villiers-saint-Sépulcre dans l’Oise, une usine a produit des tonnes de l’insecticide devenu tristement célèbre pour son utilisation dans les chambres à gaz. Pendant six mois, aidé de documents jusque là confidentiels, Jean-Baptiste Renaud a enquêté. Et s’est intéressé à ces Français qui ont aidé des dictateurs à fabriquer des armes chimiques.Il a aussi retrouvé des survivants de l’attaque chimique du 21 août à Damas et rencontré les victimes irakiennes du massacre d’Halabja qui vingt-six ans après le drame souffrent toujours des horribles séquelles engendrées par les armes chimiques. De la Syrie au Bahreïn, en passant par l’Irak, enquête sur une grande hypocrisie. Celle des pays occidentaux. Qui d’un côté s’indignent de l’utilisation d’armes chimiques mais qui de l’autre fournissent tout le matériel du parfait petit chimiste aux régimes les plus brutaux du monde.